Fêtes des sapeurs 10.02.2021

Je vais reprendre le texte que j'avais écrit l'année dernière à la même date. 

Une curiosité congolaise de taille et bien actuelle, qui commence à attirer l'attention de créateurs de renom dans le domaine de la mode ou des arts visuels, c'est la SAPE (société des ambianceurs et personnes élégantes) soit un courant sociovestimentaire unique à Kinshasa et à Brazzaville qui consiste à porter des vêtements de marque ou des vêtements confectionnés soi-même, que l'on affiche ostensiblement, en adoptant une attitude extravagante. La SAPE est une forme de métissage du dandysme colonial belge, de la flamboyante identité zaïroise et d'une fantaisie bon enfant bien kinoise. Les sapeurs, ces chantres de l'élégance hautement revendiquée, se réfugient dans l'art de s'habiller chicos pour fuir la misère environnante. Ils ont même érigé ce courant en religion (Kitendi), dont ils célèbrent le culte en février en mémoire du décès de leur maître sapeur Stervos Niarkos. L'influence de la sape se retrouve aujourd'hui jusqu'aux fashion shows européens, via des designers et collections inspirées de ce courant dandy à souhait. Et qui contribue ainsi à populariser la singularité et la créativité congolaises.

Cette année, j'ai pris congé l'après-midi et et invité quelques amis à participer à cette exceptionnelle expérience. Les sapeurs arrivent de la gare en faisant un défilé et en tirant leur valise, contenant différents vêtements. Une fois arrivés à hauteur du cimetière, c'est la show. Il y a des clans et chacun vente son habillement, soit créé et fabriqué par lui-même, soit de grand créateur. Pour nous, c'est plutôt drôle, mais eux, prennent cette façon de vivre très au sérieux et gare à celui qui se moque de lui.

Une fois fait leur show en défilant par clan, c'est l'entrée au cimetière, sur la tombe de Stervos Niarkos, le roi de la sape. Ici, le même rituel reprend. Les clans se "combattent" par parole (que je ne comprends pas toujours) et par démonstrations de leurs vêtements.

Puis, nous sommes invités à suivre le groupe de sapeurs et d'aller, comme l'année dernière, dans leur quartier, à Matonge. Nous passons un excellent et unique moment avec eux, en recueillant des informations sur leur façon de vivre et en les observant, continuer de faire leur show dans la rue, bloquant la circulation.

Cette année, nous avons eu l'honneur d'avoir 4 femmes sapeurs avec nous. 

J'ai trop adoré. Je reviens l'année prochaine.

Un énorme Merci à Yves Sambu, qui veut bien nous prendre avec lui et nous faciliter la rencontre et le partage avec les sapeurs.